Ann. Méd. Vét., 2008, 152 (S), pp 44-46 Dissection moléculaire de l’interaction leucotoxine-β2-intégrine LFA-1 (CD11a/
CD18), responsable de la spécificité d’espèce de Mannheimia haemolytica
envers les ruminantsLaurent ZECCHINONRésumé :
Les pneumonies bactériennes
constituent un problème majeur dans
l’élevage et l’engraissement des
bovins, avec des répercussions très
élevées en termes de morbidité et
de mortalité. Dans ce contexte, les
auteurs sont unanimes pour considérer
que l’agent pathogène compliquant
principal, voire systématique, est
Mannheimia haemolytica, une bactérie
qui n’affecte que les ruminants. Parmi
les différents facteurs de virulence
incriminables, la culpabilité de la
leucotoxine s’impose, notamment
parce que, ex vivo, elle n’est capable
d’induire la nécrose des leucocytes
qu’à la condition sine qua non qu’ils
soient d’origine bovine, ovine ou
caprine. Au niveau moléculaire, cette
spécificité est due à une interaction
entre la leucotoxine et la β2-intégrine
LFA-1, un récepteur constitué des sousunités
CD11a et CD18 (Zecchinon et
al., 2005).
A court terme, les objectifs du
travail étaient (i) de se donner les
moyens d’identifier les différences
systématiques qui distinguent les sousunités
CD11a et CD18 des ruminants
de celles des autres espèces, (ii) de
produire une leucotoxine pure et
active, (iii) de cibler la sous-unité du
récepteur responsable de la spécificité
d’espèce qu’exhibe la leucotoxine
de Mannheimia haemolytica envers
les leucocytes des ruminants et (iv)
d’identifier le motif moléculaire précis
de liaison. Etant apparu au cours
du travail que la sous-unité portant
la spécificité de l’effet cytotoxique
était le CD18, nous avons construit
et évalué les mutants correspondant
à ses portions transmembranaire et
cytoplasmique.
A plus long terme, nous espérons
(i) disséminer dans la population
bovine des animaux intrinsèquement
résistants aux pneumonies bactériennes
à Mannheimia haemolytica soit par introgression (si nous parvenons
à mettre en évidence un allèle
cor respondant au(x) mutant(s)
sélectionné(s)) soit par transgenèse et/
ou (ii) élaborer un jeu de peptides
compétiteurs du LFA-1 pour la
fixation à la leucotoxine, c’est-à-dire
inhibiteurs de son activité leucotoxique
in vitro et inhibiteurs de la virulence
de Mannheimia haemolytica in vivo,
le but étant de proposer un peptide
thérapeutique injectable à substituer
aux traitements antibiotiques, ne
générant ni résidus ni antibiorésistance
et fonctionnant à la manière d’un
leurre pour la leucotoxine. Obtenir le PDF Personne de contact : lzecchinon@ulg.ac.be |