Ann. Méd. Vét., 2008, 152 (S), pp 18-23 Pathogénie cellulaire et moléculaire du stress oxydatif dans l’ostéo-arthropathie dégénérative équineNicole SCHNEIDERRésumé :
L’ostéo-arthropathie dégénérative
affecte fréquemment les chevaux,
et particulièrement le cheval de trait
ardennais (Lejeune et al., 2002). Les
nombreuses recherches consacrées
à cette pathologie montrent un
phénomène inflammatoire et un
déséquilibre entre la production des
enzymes dégradant le cartilage et
l’intensité du processus de régénération
(Landoni et al., 1996). On observe donc
des dégâts à la surface du cartilage :
f ibrillation, érosion, ulcération,
formation d’ostéophytes, sclérose
de l’os sous-chondral et remodelage
ostéochondral (Reboul et al., 1996).
Tous les éléments anatomiques
sont concernés, avec une libération
de médiateurs par les chondrocytes
et les synoviocytes : cytokines,
métalloprotéases, prostanoïdes (Cadore
et Donabedian, 1997), leucotriènes,
et espèces activées de l’oxygène et
de l’azote (RNOS : reactive nitrogen
and oxygen species). La formation
des RNOS est souvent invoquée
en relation avec des phénomènes
d’anoxie-réoxygénation cycliques,
liés au trauma ou à la surcharge
articulaire, à un épanchement ou à un
oedème de la capsule articulaire. Les
travaux consacrés à la production des
RNOS dans l’articulation l’attribuent
habituellement aux chondrocytes
et des observations biochimiques
récentes ont révélé une augmentation
des concentrations sanguines d’un
produit oxydé caractéristique de la
dégradation du cartilage, signe d’un
métabolisme oxydant intra-articulaire
(Lejeune et al., 2007).
Peu de travaux sont consacrés à l’étude
directe d’une production d’espèces
radicalaires par les chondrocytes et
les synoviocytes. L’objectif du travail
était donc d’étudier la capacité des
chondrocytes et des synoviocytes
articulaires équins à produire des
RNOS sous l’effet de l’anoxieréoxygénation.
Il nécessitait la mise
au point d’un modèle de culture des
chondrocytes équins (Sanchez et al.,
2002), d’un modèle de culture des
synoviocytes équins (Georgescu et al.,
1988) et d’un modèle de co-culture
chondrocytes-synoviocytes pour imiter
les interactions entre ces deux types
cellulaires dans l’articulation où les
chondrocytes matures sont nourris par
diffusion à partir du liquide synovial à
basse tension en oxygène (Grimshaw
et Mason, 2000).
Pour induire l’activité oxydante, nous
avons soumis les cellules en culture
à plusieurs cycles d’anoxie-réoxygénation, sur base de l’hypothèse qu’un
traumatisme aigu ou chronique peut
modifier le débit sanguin dans la membrane
synoviale et initier des cycles
d’anoxie-réoxygénation (par oedème
et hypoxie tissulaire transitoire), avec
une production intra-articulaire de
RNOS, capables de déclencher des
dommages tissulaires participant au
développement de la pathologie articulaire.
Pour tenir compte des conditions en
oxygène existant dans l’articulation et
du rôle du glucose ajouté au milieu de
culture dans la résistance à l’anoxie,
les chondrocytes ont été cultivés avec
des concentrations variables en glucose
(0, 1 et 4,5 g/l de milieu), combinées
aux tensions d’oxygène de
1 % (hypoxie), 5 % (équivalent à la
normoxie in vivo) et 21 % (condition
hyperoxique prise comme référence
par rapport à la littérature internationale).
L’étude du métabolisme oxydant est
effectuée en mesurant la consommation
d’oxygène [oxymétrie mesurant
la réponse mitochondriale (Mouithys-
Mickalad et al., 2002)], la production
globale de RNOS [estimée par
la mesure de l’éthylène, produit par
l’attaque d’un substrat par les RNOS
(Deby-Dupont et al., 2005)] et la production
d’espèces radicalaires [par
résonance paramagnétique électronique
(RPE) couplée au « spin trapping
»]. Obtenir le PDF Personne de contact : Didier.Serteyn@ulg.ac.be |