Ann. Méd. Vét., 2008, 152 (S), pp 13-17 Etude de l’activité et des effets des inhibiteurs du facteur nucléaire κB dans la mammite à Staphylococcus aureusDelphine BOULANGERRésumé :
La mammite, inflammation de la
glande mammaire, est la maladie la
plus commune et la plus coûteuse dans
l’industrie laitière (Bradley, 2002). En
fonction des symptômes développés
par la vache infectée, la gravité de
la mammite peut se définir comme
clinique (aiguë, suraiguë, chronique) ou
subclinique. La mammite subclinique
est une inflammation modérée
mais persistante, ce qui engendre
de nombreuses pertes économiques
pour l’éleveur. Ces pertes incluent
les coûts associés à la diminution de
la production de lait, au lait rejeté
dû à l’utilisation de traitements
antibiotiques, aux frais vétérinaires,
aux coûts de réforme prématurée et
aux coûts de remplacement des vaches
(DeGraves et Fetrow, 1993). Les
bactéries pathogènes responsables de
la mammite subclinique résistent aux
défenses immunitaires de l’hôte et aux
traitements antibiotiques (Sandholm
et al., 1990). L’une des principales
bactéries responsables de la mammite
subclinique est Staphylococcus aureus
(Sutra et Poutrel, 1994).
Les 2 raisons principales de la persistance
de la maladie semblent être,
d’une part, le maintien d’une inflammation
(boucles auto-activatrices) qui
engendre des effets destructeurs plutôt
que protecteurs et, d’autre part,
la capacité qu’ont certaines bactéries
à pénétrer à l’intérieur des cellules
hôtes où elles se protègent des défenses immunitaires et de l’action des
antibiotiques.
Chez l’homme ainsi que dans plusieurs
modèles animaux, il a été
démontré qu’une molécule importante
dans le maintien de l’inflammation
(boucles auto-activatrices) est le facteur
nucléaire κB (NF-κB), un facteur
de transcription capable d’induire
l’expression de nombreuses protéines
inflammatoires (Hart et al., 1998 ;
Bureau et al., 2000). Parmi celles-ci,
l’IL-1β et le TNF-α, deux cytokines
capables d’induire l’activation de
NF-κB (Pahl, 1999) et, l’IL-8 et le
GM-CSF, deux cytokines importantes
pour le recrutement et l’activité des
neutrophiles bovins (Baggiolini et al.,
1989 ; Brach et al., 1992).
Les mécanismes moléculaires responsables
de la pénétration et de la prolifération
intracellulaire d’une bactérie
à l’intérieur des cellules hôtes sont
encore inconnus. Cependant, il a été
démontré que la croissance extra- et
intracellulaire de certaines bactéries,
telles que S. aureus est augmentée en
présence de cytokines pro-inflammatoires
(Kanangat et al., 1999 ; Meduri
et al., 1999 ; Kanangat et al., 2001).
Ces cytokines sont entre autres le
TNF-α et l’IL-1β dont l’expression
dépend de l’activation de NF-κB.
NF-κB semble donc être une cible thérapeutique
intéressante pour améliorer
ou soigner la mammite subclinique.
Cependant, aucune étude réalisée à ce
jour n’a permis de mettre en évidence
le rôle de NF-κB dans la mammite
et, il est indispensable de définir quel
est ce rôle avant de mettre au point
des nouvelles stratégies thérapeutiques
ciblant ce facteur. Au cours de
ce présent travail, nous avons dès lors
tenté de répondre aux questions suivantes
: (i) NF-κB joue-t-il un rôle au
cours d’une inflammation de la glande
mammaire chez la vache (1re étude) ;
(ii) l’inhibition de NF-κB présente-telle
un potentiel thérapeutique dans le
traitement des mammites à S. aureus
(2e étude) ? Obtenir le PDF Personne de contact : Pierre.Lekeux@ulg.ac.be |