Ann. Méd. Vét., 2007, 151 (S), pp 03-06 Identification d’une nouvelle famille de protéines inhibitrices du complément
exprimées par les tiques Ixodes appartenant au complexe Ixodes ricinusDaix VirginieRésumé :
Les résultats générés au cours de cette
thèse pourraient avoir dans l’avenir
des implications tant fondamentales
qu’appliquées :
Tout d’abord, comme exposé lors de la première étude, les IRACs et leurs
homologues séquentiels pourraient
appartenir à une famille issue d’un
processus d’évolution convergente. La
famille génique identifiée au sein des
tiques appartenant au complexe Ixodes
ricinus compte au moins quatre membres.
Cependant, depuis la découverte
de trois nouvelles séquences homologues
à l’Isac chez Ixodes scapularis,
il semble que cette famille soit encore
plus étendue. Il serait intéressant de
tenter d’isoler tous les membres de
cette famille.
Deuxièmement, l’existence de cette
famille de molécules à potentiel
inhibiteur du complément au sein
du sialome de plusieurs tiques du
même genre souligne l’importance de
l’implication de ces molécules dans
le repas sanguin de la tique. Il a été
démontré que les protéines IRAC I
et II sont issues de gènes paralogues
et non d’allèles. L’avantage sélectif
conféré par l’existence des ces deux
paralogues au sein des glandes salivaires
de la tique Ixodes ricinus pourrait
être expliqué d’une part par l’action
synergique des deux molécules exercée
sur la voie alterne du complément
humain. Cette synergie n’étant pas
observé aux sites d’action C3b et fB,
il est probable qu’au moins une des
deux protéines possède une activité
supplémentaire au niveau de la voie
alterne du complément. D’autre part,
l’avantage sélectif conféré par ces
deux molécules pourrait être expliqué
par un élargissement du spectre d’hôte
de la tique Ixodes ricinus. A cette fin,
l’activité inhibitrice de chaque protéine
IRAC I et II sera testée sur différentes
espèces sources de complément
appartenant et n’appartenant pas au
spectre d’hôtes de la tique Ixodes ricinus,
afin de déterminer leur implication
dans l’adaptation de cette tique
à l’hôte.
Enfin, d’un point de vue appliqué,
cette première étude a permis de
confirmer que l’étude du potentiel
vaccinal de ces molécules inhibitrices
du complément est primordiale. En
effet, plusieurs arguments suggèrent
que les IRACS pourraient être de bons
antigènes pour le développement d’un
vaccin anti-tique. Tout d’abord, l’implication
de la voie alterne du complément
dans des cas de résistances aux
tiques a été prouvée (Wikel, 1979).
De plus, les IRACS sont exprimés de
façon constitutive dans la salive des
tiques non nourries, ce qui soulève
leur importance au cours des premières
étapes du repas sanguin. Elles font
parties des premiers antigènes injectés
au site de morsure. Ensuite, aucune
homologie aux IRACs n’a été décrite
à ce jour chez les organismes vertébrés.
Enfin, des anticorps peuvent être
produits à un titre convenable contre
ces protéines. Le potentiel vaccinal
des antigènes générés lors de la troisième
étude sera testé tout d’abord
dans le cadre d’une infestation de
tique sur des souris et ensuite dans le
cadre d’une transmission de borrelies
à des souris par des tiques infectées.
La capacité des IRACs à protéger les
borrélies des effets délétères du complément
de l’hôte sera également étudiée
d’un point de vue moléculaire,
dans la capacité des borrélies à fixer
les IRACS via leurs récepteurs Osp E
et CRAPS liant le facteur H de l’hôte
(Hellwage et al., 2001). Le potentiel
thérapeutique des molécules IRACs
pourrait également être investigué
dans le cadre d’immunopathologies
aigües causées ou aggravées par une
activation incontrôlée du système du
complément telles que les glomérulonéphrites
à immuns complexes.
En conclusion, les recherches menées
dans ce travail auront permis d’une
part à démontrer l’existence d’une
famille génique de protéines inhibitrices
du complément chez les tiques
Ixodes appartenant au complexe
Ixodes ricinus et d’autre part de développer
divers systèmes d’expression
de ces protéines afin de permettre la
poursuite de l’étude de leur propriétés
tant d’un point de vue fondamental
qu’appliqué. Obtenir le PDF Personne de contact : vdaix@ulg.ac.be |